Jeux de ballon, cow-boys et indiens, corde à sauter ou billes sur les trottoirs, ou encore balades à bicyclette dans le quartier… Avec un brin de nostalgie, les parents interrogés par le sociologue Clément Rivière effeuillent leurs souvenirs d’enfance dans les rues de Milan et de Paris 1. Ayant grandi dans les années 1970, ils ont le sentiment d’avoir profité d’une bien plus grande liberté que leurs enfants. « Parfois je me demande comment ma mère faisait pour ne pas s’inquiéter, ou en tout cas pour nous laisser autant de liberté. Et en fait, quand je discute avec mes amis et amies, je me rends compte que c’était la même chose pour la plupart d’entre nous », témoigne une mère italienne.
Aujourd’hui, vis-à-vis de leur propre progéniture, ces parents se montrent nettement moins permissifs. Pourquoi ? La norme semble s’être déplacée : ceux qui se désintéressent des faits et gestes de leurs enfants dans les espaces publics se voient vite qualifiés de « mauvais parents »… Surtout, l’anxiété s’amplifie à mesure que les risques d’accident de la circulation ou d’agression pédophile se voient propagés par les médias. Un père parisien admet : « Le fait d’être constamment abreuvés de faits divers, toujours plus morbides et effrayants les uns que les autres, fait qu’il y a une espèce de peur inconsciente qui s’insinue, et qu’on laisse moins facilement les enfants sortir dans la rue que ça se produisait auparavant. »