Des décisions au cas par cas. Entretien avec Pierre Lequien

Sciences Humaines : Entre 1980 et 2000, la proportion de naissances prématurées en France, à savoir 6 %, est restée identique. Comment l'expliquez-vous ?

Pierre Lequien : Paradoxalement, par les progrès de la médecine néonatale. Pour schématiser, les enfants prématurés en 1980 naissent maintenant à terme. Par contre, les prématurés actuels n'étaient pas conçus à l'époque (procréation médicalement assistée), étaient mort-nés ou encore décédaient à la naissance. La grande évolution consiste en une forte diminution des naissances prématurées spontanées : les grossesses sont beaucoup mieux surveillées (échographie, dosages biologiques, ultrasons), et les causes de la prématurité bien mieux connues. Les naissances prématurées, à l'heure actuelle, découlent, pour une part, des fécondations in vitro, à l'origine de grossesses multiples et, d'autre part, des accoucheurs eux-mêmes, qui provoquent les naissances lorsqu'ils estiment que le bébé a de meilleures chances de survie en dehors du ventre de sa mère.