Du nouveau sur le néolithique

Des fouilles des plus anciens villages du néolithique situés en Anatolie (sud de la Turquie) confirment la thèse selon laquelle les changements politiques et culturels auraient précédé l'invention de l'agriculture.

On doit le terme « néolithique » à l'Anglais John Lubbock qui, en 1865, baptisa ainsi cette période de la « nouvelle pierre », ou âge de la pierre taillée. Mais c'est surtout le préhistorien écossais Gordon Childe qui, dans les années 40, a façonné le modèle de référence de ce qu'il nomma la « révolution néolithique ». Le néolithique marque un tournant décisif dans l'histoire de l'humanité. Outre l'usage de la pierre taillée et l'invention de la poterie, cette époque est surtout celle de l'invention de l'agriculture et de l'élevage, et de la sédentarisation. C'est le temps où des hommes vont abandonner le mode de vie nomade et s'installer en communautés plus nombreuses dans des villages. Ce nouveau mode de vie et de subsistance aurait entraîné des bouleversements sociaux et culturels majeurs : augmentation de la population, division du travail, hiérarchie sociale, puis guerre et transformation des croyances.

Ce modèle de la révolution néolithique a subi depuis quelques années de profonds remaniements. Dans son dernier livre, De la vague à la tombe, Jean Guilaine, professeur au Collège de France, rappelle d'abord qu'« il n'existe pas une mais des révolutions néolithiques » 1. Des processus similaires de néolithisation ont eu lieu en Chine, en Amérique latine et en Afrique. Mais c'est au Moyen-Orient que les recherches les plus approfondies ont changé notre façon de voir ce processus. On avait découvert dès les années 80 que des villages étaient apparus en Palestine et dans les plaines de Syrie (culture natoufienne) entre 10 000 et 8 300 avant notre ère. Soit bien avant l'apparition de l'agriculture. La sédentarisation avait donc précédé l'agriculture. Récemment, on a découvert d'autres très anciens sites du néolithique au sud de la Turquie. Ce sont les sites d'Hallan Çemi et de Çayönü, dont les niveaux les plus anciens ont été datés vers 10 200 et 10 000 avant notre ère.