Du signe au sens

Paroles, textes, signaux, images, symboles, gestes, formes, couleurs et odeurs : tout ce qui nous entoure, ou presque, peut devenir, qu'on l'ait voulu ou non, porteur de signification. Regarder le monde comme peuplé de signes plutôt que de choses : tel est l'objet de l'aventure sémiotique, projetée il y a un siècle, mais entreprise il y a trente ans à peine. Prenant le langage pour modèle, elle nous enseigne la fonction commune à une girouette, au mot « chat », à un tableau de Magritte, à une photographie de famille : celle de rendre manifeste une réalité absente ou invisible. Comme nous l'explique Jean-Marie Klinkenberg (voir p. 20) , les signes, pour autant, n'ont pas tous les mêmes moeurs : ils entretiennent avec les choses et les idées des rapports plus ou moins proches ou lointains, abstraits ou concrets. Bien souvent, ils se présentent mêlés et s'expriment à plusieurs voix. Et puis, ils vivent en groupe : ils ont une famille, un passé, une histoire et nous parlent souvent de ceux qui sont absents. Martine Joly (voir p. 26) analyse ainsi la manière dont une photographie peut signifier plus qu'elle ne montre. Jusqu'où avons-nous le droit d'interroger les signes, de les faire parler ? Enfin, qu'elle soit ou non le propre de l'homme, la capacité de lire les signes repose sur un mystère encore profond : celui de la manière dont nous leur attribuons un sens. C'est l'objet de la psycholinguistique que d'en chercher les mécanismes (voir l'article de Jean Caron p. 31).