Du sport et de l'audace !

Des travaux récents tentent de reconstituer les conditions dans lesquelles les grottes furent peintes autrefois. Les résultats renouvellent notre vision des hommes du passé.

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L’homme des cavernes n’a jamais existé. C’est un fantasme hérité du 19e siècle. Il est impossible d’habiter dans une grotte : trop froide, trop humide, mal fréquentée (ours, hyène…). Par contre, Homo sapiens et Néandertal ont régulièrement visité les espaces souterrains, notamment pour y dessiner. Grâce aux nouvelles technologies, les préhistoriens comprennent mieux comment ils progressaient sous terre, quelles difficultés ils rencontraient, s’ils s’éclairaient correctement, etc.

Dans la grotte d’Altxurra (Espagne), une équipe de chercheurs s’est servie de méthodes de mesures d’effort, notamment pour la fréquence cardiaque (Quarternary international, 2020). À l’aide d’observations empiriques et de reconstitutions expérimentales dans une grotte voisine avec 21 volontaires des deux sexes (sportifs ou non), ils ont estimé le coût physique des déplacements, qu’ils ont ensuite comparé avec une reconstitution 3D de la grotte ornée. Le résultat montre que les artistes d’il y a 12 000 ans ont choisi préférentiellement les panneaux associés à des difficultés du parcours pour y dessiner leurs figures. Peut-être en raison de leur plus grande visibilité, parce qu’ils étaient plus hauts ? Certains secteurs, particulièrement ardus, devaient nécessiter un matériel et une logistique spécifiques (fabrication de cordes, éclairages portatifs, explorations préalables, etc.). À Cosquer (France), les artistes d’il y a 25 000 ans ont privilégié des zones périlleuses, comme un puits profond de 18 à 19 mètres, aujourd’hui ennoyé (P. Lima, la grotte Cosquer révélée, Synops 2021). Pour réaliser des empreintes de mains négatives, ils ont dû enjamber le précipice, au péril de leur vie.