Un récent article issu de la coopération de plusieurs dizaines de chercheurs permet de mieux comprendre l’origine génétique des Yamnas, une population pastorale et nomade de l’âge du bronze, qui, vers - 3000 avant notre ère, occupait les steppes entre les Carpates et l’Oural. Identifié notamment par leurs sépultures (des kourganes), ce groupe était déjà considéré comme ayant joué un rôle central, par ses migrations, dans la diffusion des langues indo-européennes.
L’analyse de l’ADN ancien de 428 individus a permis de mieux comprendre la formation des Yamnas, au 4e millénaire, au carrefour entre trois grands ensembles génétiques (des clines). L’espace situé entre mer Noire et mer Caspienne, traversé par les basses vallées du Dniepr, du Don et de la Volga, a constitué un creuset où se sont rencontrées des populations d’origines diverses, notamment des chasseurs-cueilleurs de régions plus marginales. L’étude est importante sur deux points. D’une part, elle précise l’origine des Yamnas : issus de la culture de Sredny Stog (du nom d’un village ukrainien où elle fut localisée en premier), ils ont intégré des éléments génétiques variés via les clines du Dniepr et du Caucase-Basse Volga. D’autre part, cette étude fait le lien entre ces populations du Caucase-Basse Volga et les locuteurs des langues anatoliennes, dont la migration remonte à - 4400 avant notre ère. Le creuset entre Don, Volga et Caucase apparaît ainsi comme le foyer d’origine des langues proto-indo-anatoliennes avant leur division entre d’un côté les langues indo-européennes et de l’autre les langues anatoliennes.
Source
• Iosif Lazaridis, et al., « The Genetic Origin of the Indo-Europeans », biorxiv.org, 18 avril 2024.
