C’est à Francine Shapiro que l’on doit la découverte et le développement de la psychothérapie EMDR (eye movement desensitization and reprocessing, désensibilisation et reprogrammation par mouvements oculaires). Comme beaucoup de découvertes, celle-ci n’est pas exempte de légendes (judicieusement entretenues d’ailleurs !), qui, au fil du temps, se sont amplifiées, donnant parfois un caractère romanesque à la chose. Quoi qu’il en soit, cette découverte s’est faite un peu par hasard, en 1987. Rien en effet ne prédestinait F. Shapiro à devenir docteure en psychologie et chercheuse au Mental Research Institute de Palo Alto. C’est son cancer qui lui a fait envisager une autre voie. Notamment quand, une fois considérée en rémission, la peur de la rechute l’a conduite à s’enquérir de nouvelles méthodes susceptibles de l’aider à rester en bonne santé.
Une question de regard
Un jour, alors qu’elle se promenait dans un parc, elle s’aperçut, en suivant des yeux un vol d’oiseaux et en opérant des mouvements oculaires latéraux, que les pensées négatives qu’elle avait à l’esprit quelques minutes auparavant s’étaient transformées, et que leur charge émotionnelle était devenue moins intense. Si les souvenirs ou les pensées ne disparaissaient pas de sa conscience, c’est bien leur charge émotionnelle négative qui, peu à peu, semblait s’atténuer, jusqu’à disparaître totalement. Elle appliqua la même expérience à des amis et collègues volontaires. Pour ce faire, ils devaient se remémorer un aspect de leur vie passée (brimades ou humiliations) qui pouvait encore les perturber. Simultanément, ils concentraient leur attention visuelle sur le mouvement de va-et-vient de droite à gauche que F. Shapiro opérait avec ses doigts, en prenant soin de « répliquer » ce qu’elle-même avait vécu dans ce parc quelque temps auparavant.
C’est au début des années 1990 que la psychothérapie EMDR, bien que sujette à de nombreuses controverses, s’est beaucoup développée. Grâce à l’accroissement des données empiriques, les formations à l’EMDR se sont peu à peu structurées et se développent aux États-Unis, en Europe, en Australie, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Cette psychothérapie a par exemple été reconnue par l’Inserm, la HAS et l’OMS comme un traitement de choix pour la prise en charge de l’état de stress posttraumatique (ESPT) et des troubles réactionnels de manière générale. D’autres recherches montrent un intérêt de la psychothérapie EMDR dans les phobies, le trouble panique, le trouble anxieux généralisé, certains problèmes de comportement et d’estime de soi, le deuil compliqué et traumatique, la dysfonction sexuelle, la douleur chronique et les douleurs du membre fantôme.