Quel est le lien entre les relations de travail des petits fonctionnaires du Niger, l’étude d’une fresque du quattrocento, celle des libertins du XVIIe siècle ou encore l’analyse des politiques humanitaires contemporaines ? Tous ces sujets et bien d’autres encore sont réunis dans une publication de chercheurs de l’EHESS, institution souvent considérée comme le lieu central de la recherche en sciences sociales en France. Derrière ce que l’on pourrait considérer comme de l’éclectisme se profile en fait un projet commun.
Nous avons demandé à Cyril Lemieux, sociologue et codirecteur de l’un des trois volumes, de nous expliquer la démarche et l’intention qui ont conduit à cette entreprise.
Quelle est l’intention qui sous-tend ce projet ?
On observe aujourd’hui dans les sciences sociales un phénomène d’hyperspécialisation qui pousse les chercheurs à s’enfermer dans leur discipline, leur domaine de spécialité, leurs objets particuliers. Notre ouvrage vise à lutter contre cette tendance. Il confronte l’expérience de chercheurs issus de disciplines aussi différentes que l’anthropologie, la linguistique, l’histoire, l’économie ou l’esthétique, et se demande : « Qu’y a-t-il de commun entre eux ? » La réponse que nous donnons est la suivante : ce qu’il y a de commun, ce sont trois opérations pratiques que tout chercheur, quelle que soit sa discipline, est obligé de mettre en œuvre : critiquer, comparer, généraliser.