Entretien avec Laurent Schmitt: Thérapeutes débutants : un parcours du combattant

Se sentir légitime, aménager un cadre, fixer le prix des séances, être plus ou moins à l’aise avec chaque patient… Les difficultés rencontrées par un thérapeute débutant sont multiples, et inévitables. Comment les surmonter ?

Un psychothérapeute débutant peut éprouver un manque de légitimité dans sa pratique. Dans ce cas, doit-il faire part de sa faible expérience à ses patients ?

Ceux-ci viennent le voir en confiance, comme n’importe quel professionnel, d’autant plus que le titre de psychothérapeute est désormais reconnu (1). Mais tout un chacun peut comprendre qu’un thérapeute ne sait pas tout soigner. Il est donc difficile pour un patient d’entendre dire que son thérapeute hésite, qu’il débute, du moins dans les premiers entretiens. Je crois qu’il est plus facile pour lui d’exprimer des difficultés ultérieures rencontrées durant la prise en charge, de pointer des zones d’incertitude une fois l’alliance thérapeutique installée. La différence de sexe ou d’âge est également susceptible de remettre en cause sa légitimité. Des questions de cet ordre peuvent être posées : « Un thérapeute du même sexe, d’âge comparable, est-il important pour vous ? ». Dans l’idée générale d’une psychothérapie, le patient accepte des choses différentes et contradictoires. Il ne cherche pas à retrouver l’identique… D’ailleurs, le processus même d’une psychothérapie invite à intégrer la diversité. Un jeune thérapeute peut ainsi sembler tout à fait crédible à des patients beaucoup plus âgés, pourvu qu’il procède à quelques aménagements. Par exemple, certains thèmes comme la sexualité doivent être évoqués plus prudemment, avec tact, en demandant explicitement : « Peut-on aborder ce sujet ? ».

L’aménagement du lieu de consultation doit-il refléter la personnalité du thérapeute, ou ce cadre doit-il rester le plus neutre possible ?

Je crois que le cabinet reflète obligatoirement la personnalité du thérapeute : tableaux, meubles, plantes y participent, sans que cela aboutisse à des extrémités. Il est bon de disposer d’un endroit chaleureux, agréable, calme, bien décoré, en évitant les aspects trop personnels comme les photos de famille ou de vacances, ou trop caractérisés comme l’encens, les pétales sur le sol ! La plupart des thérapeutes font preuve de ce bon sens et cherchent avant tout à rendre leur cabinet convivial.