À la fin de l’année scolaire, certains élèves n’ont obtenu ni félicitations ni encouragements. Certains établissements ont retiré ces mentions de leurs bulletins. Ils ont demandé aux enseignants, s’ils avaient des encouragements à formuler, de les inclure dans leurs remarques plutôt qu’elles ne soient que des cases à cocher.
Objectif : ne pas décourager inutilement ceux qui ne les obtiennent pas, ne pas ajouter un stress superflu pour les élèves et/ou leurs parents qui garderaient les yeux sur cette case comme un nouvel objectif à atteindre. De leur côté, les inspecteurs d’académie recommandent de reconnaître différentes formes d’excellence et de ne pas manifester les mêmes attentes pour tous les élèves afin de ne pas exercer de pressions contre-productives sur leurs apprentissages.
Tout ne se joue pas avant 6 ans !
Difficile de savoir si ces pressions sont plus fréquentes aujourd’hui ou si elles s’admettent plus volontiers. À la Maison de Solenn, maison des adolescents de l’hôpital Cochin, Marie Rose Moro rencontre souvent des enfants qui en sont affectés. Ils souffrent de troubles de l’estime de soi, d’anxiété par anticipation. La peur de mal faire, les angoisses avant même d’être confrontés à l’épreuve, ce trouble pouvant aller jusqu’à la phobie scolaire. Selon cette pédopsychiatre, cette pression est depuis longtemps inscrite dans notre société qui a fait des résultats scolaires le mètre étalon, sans chercher à s’intéresser aussi à ce qu’un enfant accomplit en sports ou dans des domaines créatifs. « On se demande aujourd’hui comment autant d’enfants ont l’impression de ne pas savoir, de ne pas pouvoir, de décevoir. Les attentes sont devenues très grandes, trop grandes », explique-t-elle 1.
Ces attentes s’expriment très tôt. C’est en France que, dans les années 1970, le best-seller de Fitzhug Dodson How to Parent s’est vu traduit sous le titre Tout se joue avant 6 ans (qui n’était pourtant pas le message du livre). Ce titre choc est resté dans les imaginaires comme s’il s’agissait d’une vérité scientifique. Oubliée l’idée que certains enfants puissent prendre plus de temps que d’autres dans leur développement. Organisés en cycles de trois ans, les programmes scolaires ont été réformés pour donner cet espace à chacun. Alors qu’il est indiqué que l’enfant doit pouvoir apprendre à lire dans le premier cycle, si à Noël en CP l’enfant ne lit pas, les parents commencent à s’inquiéter.