Ville 24 heures sur 24, quelle est l'origine de ce concept ?
Il a été importé du monde anglo-saxon où les processus de déréglementation ont eu des effets immédiats sur les temps de la ville. Aux Etats-Unis, la ville 24 heures sur 24 est une réalité : dans la plupart des grandes villes, les citadins ont accès à une large palette de services en 24/7. A New York, « la ville qui ne dort jamais », le métro fonctionne toute la nuit, de même que les cours de justice afin de limiter l'engorgement le jour ! Cette tendance, qui concerne également le Japon ou la Chine, touche désormais l'Europe : partout les pressions sont fortes pour faire évoluer les horaires de travail et d'ouverture des services comme en Pologne avec des hypermarchés accessibles 24 heures sur 24.
Et en France ?
La « ville en continu » s'installe sans que nous en ayons toujours conscience. 20 % des actifs travaillent désormais de façon occasionnelle la nuit. La nuit est peu à peu colonisée par la lumière et l'économie, soumise au temps en continu des réseaux et des services. La grande distribution pousse en ce sens, et les centres d'appels se multiplient. Conséquence de la mise en lumière, de la fin du couvre-feu médiatique et de la moindre pénibilité des emplois, on se couche en moyenne 1 h 30 plus tard que nos parents et on dort moins. Les Français, principalement les hommes et les moins de 50 ans sortent de plus en plus la nuit, devenue un marché convoité de plusieurs milliards d'euros. Ces évolutions doivent interpeller nos édiles au-delà des seules questions de nuisances sonores, de violences urbaines, de mise en lumière ou de « nuits blanches ». En décortiquant l'architecture temporelle des villes, on perçoit bien les déséquilibres entre l'offre et la demande et les risques d'inégalités et de conflits qui concernent désormais l'ensemble de la société.