Notre monde s’effondre, disent les collapsologues. Pour éviter la catastrophe, certains soutiennent même qu’il faut rompre avec la civilisation, qui porterait dans ses fondements les germes des destructions en cours. Cette idée rejoint ce que l’on appelle le « primitivisme », c’est-à-dire un courant de pensée pour lequel le développement de l’agriculture, des villes et des États, il y a plusieurs milliers d’années, a été néfaste pour les humains et la planète. Le primitivisme estime en effet que, avant cette transformation, dite du Néolithique, les chasseurs-cueilleurs auraient vécu dans une société égalitaire, sans forme d’oppression et respectueuse de la nature. Malheureusement, la domestication des plantes et des animaux serait venue briser leur égalitarisme, leur liberté et leur qualité de vie. Mais, pour le philosophe Pierre Madelin, cette conception est illusoire. Travaux d’anthropologues à l’appui, il rappelle que les sociétés de chasseurs-cueilleurs pouvaient être inégalitaires, notamment à l’encontre des femmes, violentes et en tout cas très rudes. Pas de quoi en faire un modèle.