Faut-il penser autrement l'histoire du monde ?

Faut-il penser autrement l’histoire du monde ? Christian Grataloup, Armand Colin, 2011, 212 p., 18 €.

Faut-il penser autrement l’histoire du monde ? Telle est la question que Christian Grataloup, géographe et historien, pose en couverture de son dernier livre. En fait, il est clair que, selon lui, nous avons besoin d’un nouveau récit mondial. L’ancien, imposé par l’Europe à la faveur de l’hégémonie coloniale qu’elle exerça sur le monde, a fait son temps. « L’histoire du monde stricto sensu a bien été, jusqu’au XXe siècle, effectivement européenne. Mais elle a mal permis de voir les autres et leurs histoires. Non seulement parce qu’ils n’étaient mis en perspective qu’en fonction de leur “découverte” mais, de façon moins visible, parce que l’européanisation de l’autre s’est traduite par l’usage sans état d’âme de la pensée européenne du temps, de l’espace et de tout l’appareil conceptuel pour découper le réel, fait par et pour l’Occident. Projeter la notion d’Antiquité ou de Moyen Âge loin de l’ouest de l’Ancien Monde, utiliser des découpages présentés comme naturels pour l’au-delà de l’Europe comme les notions d’Afrique et d’Asie, prendre comme évident des couples comme nature et culture, économique et social, etc. consistent bien à projeter comme universel ce qui n’est qu’européen. »