Avec opiniâtreté, Florence Weber a su tracer sa propre voie, dans un monde académique qu’elle juge féodal et dont elle dénonce la violence. Tout en formant des générations de chercheurs, elle a fait œuvre : une anthropologie du proche, de la culture ouvrière à la parenté, qui a rénové en profondeur la vieille sociologie rurale et l’anthropologie symbolique oublieuse de l’histoire. Pourquoi ce choix des sociétés proches ? À la différence de ses prédécesseurs, elle s’est lancée sur le terrain métropolitain avant même d’être partie dans les ex-colonies. À 20 ans, alors qu’elle suit le séminaire d’anthropologie de Germaine Tillion, elle envisage de partir étudier la société touarègue. Mais elle estime, peut-être à tort reconnaît-elle aujourd’hui, que ce terrain doit être investi par ses amis nord-africains. Alors ce sera la France, dont les campagnes sont en pleine transformation. Sa thèse de doctorat, consacrée aux loisirs ouvriers en milieu rural, se fera sous la direction de Jean-Claude Chamboredon. D’abord entrée à l’Inra, elle intègre vingt ans après le corps enseignant de l’ENS, où elle dirige aujourd’hui le département de sciences sociales.
Florence Weber, ethnographe du quotidien
Cette anthropologue repense le lien familial, en observant les arrangements et affects qui le tissent au quotidien.