La guerre de Trente Ans s’inscrit dans le contexte des conflits religieux qui déchirent l’Europe depuis le premier quart du XVIe siècle. Le conflit oppose deux camps : d’un côté, les Habsbourg d’Espagne et du Saint Empire germanique soutenus par l’Église catholique romaine ; de l’autre côté, les États allemands protestants du Saint Empire, alliés aux puissances européennes voisines à majorité protestante (Provinces Unies et pays scandinaves) et à la France. Cette dernière, bien que catholique et luttant en interne contre les protestants, conteste l’hégémonie des Habsbourg sur le continent.
Le Saint Empire miné par les divisions religieuses
Le conflit éclate dans le Saint Empire germanique, parce que l’équilibre de cette construction politique est fragile, miné par les frictions à la fois religieuses et politiques. Loin d’être un ensemble cohérent, le Saint Empire est en réalité une mosaïque de près de quatre cents États (villes libres, principautés…) relativement indépendants, qui reconnaissent la prépondérance d’un empereur. C’est une monarchie élective, où les sept plus grands princes élisent l’empereur. Ces électeurs sont soit des religieux (archevêques de Cologne, Trêves et Mayence), soit des laïcs (électeur palatin du Rhin, roi de Bohême, duc de Saxe, margrave de Brandebourg). Depuis la fin du XVe siècle, l’empereur est choisi dans la dynastie autrichienne des Habsbourg.
Coupé en deux puis trois religions (catholicisme, luthéranisme et calvinisme), le Saint Empire adopte, lors de la paix d’Augsbourg (1555), le principe du « cujus regio, ejus religio », qui veut que les peuples épousent la religion de leur souverain. Mais au début du XVIIe siècle, les progrès de la Réforme protestante, conjugués à la quête d’autonomie croissante de plusieurs grands États (Bavière, Saxe, Palatinat, Brandebourg) menacent la cohérence du Saint Empire. La monarchie des Habsbourg répond par une violente politique de contre-réforme catholique, qui pousse les uns et les autres à s’organiser, y compris militairement, dès 1608.
Les protestants rejoignent l’Union évangélique de l’électeur palatin Frédéric V, tandis que les catholiques se regroupent derrière la Sainte Ligue de Maximilien de Bavière. L’empereur Rodophe II puis son frère Matthias cherchent l’apaisement, mais leur successeur, Ferdinand de Styrie revient sur les privilèges accordés aux révoltés. La défenestration de Prague conduit ces derniers à choisir un nouveau prince, l’électeur palatin Frédéric V. Ce dernier est battu par une coalition de troupes catholiques lors de la bataille de la Montagne Blanche (novembre 1620). Le roi d’un hiver (Winterkönig) est mis au ban de l’Empire.