Les apprentis militaires aussi ont de l’humour. À l’École de l’air, les différentes promotions d’élèves officiers remplissent des cahiers de marche humoristiques. Une cinquantaine de ces journaux (ou cahiers), parus entre les années 1930 et 1988, a été conservée. Leur analyse, par l’historien Aurélien Poilbout, permet d’affiner notre compréhension de la relation des élèves officiers à l’institution. Poèmes, fables, dessins ou inventaires à la Prévert permettent d’abord d’illustrer la vie d’une promotion et de se moquer – toujours gentiment – de leur hiérarchie. Un ancien de l’école, après avoir « quitté une famille pour en retrouver une autre », parodiait « sans vexation les travers caractéristiques des chefs ». Les élèves se représentent ainsi en villageois gaulois à la Astérix, assiégés non pas par des garnisons de soldats romains mais par leurs propres cadres. La taquinerie se mêle souvent à l’admiration. Comme avec cet hélicoptère qui fait les « yeux doux » au général Vougny : une façon, selon A. Poilbout, de souligner le charisme et la maîtrise technologique de ce militaire réputé.