Intelligence : il n'y a pas que le QI !

100, 120, 130, 160… de QI. Peut-on évaluer toutes les formes d’intelligence ? Si oui, comment ?

Qu’est-ce que l’intelligence ? « C’est ce que mesure mon test ! » La réponse du psychologue Alfred Binet, co-inventeur de la première échelle de mesure au début du XXe siècle, initie la tendance durable à définir la nature et le degré de l’intelligence par une approche quantitative. Mais les capacités de notre intellect peuvent-elles ainsi se résumer au QI, quotient fondé à partir de tests cognitifs limités ? Pas sûr. Ou pas seulement. « Quand on songe que cette hiérarchie [de l’intelligence] est basée sur un seul critère, la mesure du QI, le prétendu quotient d’intelligence, on voit tout de suite qu’il s’agit d’une idée folle. Mesurer l’intelligence ? Prétendre ramener cette réalité multiforme à un malheureux chiffre ? C’est idiot. Ou alors, pourquoi ne pas instaurer aussi un QB, un quotient de beauté ? Quand je propose cela, les gens ricanent. Tout le monde devrait ricaner de la même façon à propos du QI », tempêtait même le généticien Albert Jacquard peu avant sa disparition. Il n’empêche que les tests de QI sont de plus en plus pratiqués et que les nouveaux défenseurs des quotients émotionnel, relationnel, créatif… ne plaisantent pas !

Les tests au cas par cas

Longtemps décriés, ces tests d’intelligence sont ainsi de plus en plus souvent proposés en France, sur l’impulsion du milieu psycho-médical, familial et scolaire. « Ils sont utilisés pour faciliter les orientations, l’adaptation des apprentissages, mais aussi guider un diagnostic en vue d’une éventuelle remédiation », explique la psychologue Arielle Adda, auteur de Psychologie des enfants très doués (Odile Jacob 2018). Surtout depuis le rapport Delaubier de 2002 encourageant la prise en compte des élèves intellectuellement précoces, et alors que progresse la prise en charge des dys. (voir le dossier du Cercle Psy n° 14, « La nébuleuse des ‘‘dys’’ »). Le WISC V est le plus connu pour les enfants de 6 à 16 ans et 11 mois. Il est aussi bien utilisé pour le dépistage du haut potentiel que pour repérer d’éventuels retards et difficultés cognitives. Révisé en 2016, il propose aujourd’hui quinze sub-tests permettant globalement d’évaluer la compréhension verbale, les capacités visuospatiales, la fluidité du raisonnement, la mémoire de travail et la vitesse de traitement des données, en vue d’établir un Quotient Intellectuel Total (QIT). « Certains y répondent plus vite et efficacement, avec un sens de l’abstraction et de la synthèse supérieur, leur permettant de passé de la cap des 130, le seuil au-delà duquel il est reconnu comme doué », ajoute la psychologue qui préfère ce dernier qualificatif à celui de « surdoué » ou de « précoce ». Ce WISC V correspond à l’une des échelles de Wechsler, avec le test WIPPSI IV pour la période pré-scolaire, et le WAIS IV pour les adultes de 17-79 ans. S’il en existe d’autres, tels que la batterie K-ABC, les échelles EDEI-R ou les tests DAT, la panoplie de Wechsler est dominante aujourd’hui, et le QI ainsi évalué s’est s’imposé comme l’étalon le plus communément admis de l’intelligence au sein des institutions et dans la société.