Jean Piaget, actif pendant quarante ans au Bureau international de l’éducation de l’Unesco, a fortement influencé la pédagogie de l’enfant. Très tôt dans le 20e siècle, ce biologiste de formation travaille au contact des principaux courants de la psychologie de l’enfant, une science alors en constitution. Piaget a auparavant travaillé à l’élaboration des tests psychologiques au laboratoire de Théodore Simon, coinventeur de l’échelle métrique de l’intelligence avec Alfred Binet, disparu en 1911. Au contact des enfants, Piaget a ressenti le besoin d’une « embryologie de l’intelligence », d’une théorie qui permette de comprendre la formation du raisonnement. Dès 1921, il devient assistant d’Édouard Claparède à l’institut Jean-Jacques-Rousseau de Genève. É. Claparède est à la fois l’inventeur de la psychologie fonctionnelle, qui considère que le développement psychologique s’appuie sur le besoin ou un intérêt, et du mot d’ordre selon lequel l’enfant doit être mis « au centre des apprentissages ».
Les stades de l’intelligence
Dans l’entre-deux-guerres, Piaget met au point une méthode originale qui consiste à interroger un enfant confronté à des expériences telles que le changement de contenant d’un liquide donné, ou le changement de forme d’une boule de pâte à modeler. Dûment questionné, l’enfant révèle ou non, selon son âge, la présence de notions comme la conservation des quantités ou la réversibilité d’une opération. L’enfant, pour Piaget, se développe mentalement au fur et à mesure qu’il acquiert une connaissance objective du réel. Cette dernière est véritablement acquise avec le raisonnement abstrait et la logique formelle, notamment avec la maîtrise du raisonnement hypothético-déductif. La définition des stades de l’intelligence en découle. Le premier stade est celui de la pensée sensorimotrice : avant 2 ans, l’enfant fait preuve d’une pensée pratique qui accompagne ses expériences. Puis, l’activité du jeu révèle une pensée symbolique, non immergée dans l’expérience immédiate mais dépendante de gestes et d’images (entre 2 et 12 ans). Enfin, la pensée formelle (préadolescence) rejoint celle de l’adulte en s’émancipant de l’ici et du maintenant.