Joseph Eugene Stiglitz (1943-) Nobel rebelle

Économiste en chef de la Banque mondiale, Joseph Stiglitz choisit à partir de 2000 d’entrer en guerre contre les grandes institutions internationales, la monnaie unique en Europe ou encore les politiques d’austérité.

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En 2002, Joseph Stiglitz signe La Grande Désillusion, ouvrage dont le titre résume à lui seul le retournement intellectuel auquel il a dû se résoudre. Car cette désillusion, c’est d’abord la sienne : après avoir passé trente ans dans les meilleurs programmes de recherche américains, trois ans comme conseiller de Bill Clinton et quatre comme vice-président de la Banque mondiale, l’économiste dresse un terrible constat d’échec quant aux méthodes destinées à résoudre les crises qui secouent la planète.

La grande désillusion, c’est aussi celle d’un fils qui a vu son père travailler jusqu’à ses 90 ans pour vendre des contrats d’assurances. Celle d’une enfance passée à Gary, ville industrielle américaine de l’Indiana dont les aciéries ont fermé les unes après les autres. Né en 1973, Joseph Stiglitz est le petit-fils de Biélorusses juifs qui ont émigré à la fin du 19e siècle aux États-Unis, pays alors en plein essor où, selon le mythe de l’époque, chacun pouvait se donner les moyens de s’intégrer à la force de son travail. Deux générations plus tard donc, J. Stiglitz dénonce ce « rêve américain » en trompe-l’œil, qui permet de perpétuer de profondes inégalités.