Kenneth Arrow (1921-2017) Gérard Debreu (1921-2004) À la recherche de l'équilibre général

En démontrant qu’elle s’équilibre elle même, Kenneth Arrow et Gérard Debreu soutiennent que l’économie de marché est supérieure à toutes les autres formes d’échange.

À eux deux, Kenneth Arrow et Gérard Debreu ont sacré un siècle de théorie classique. Ils ont démontré qu’il existait un équilibre général de tous les marchés au sein du système économique, et que cet équilibre était stable. Leurs points communs : le Nobel, les mathématiques, et surtout, la quête de l’équilibre. K. Arrow est l’un des premiers économistes à avoir obtenu le prix Nobel en 1972, pour sa contribution à la théorie générale de l’équilibre et à la théorie du bien-être. Il en a longtemps été le plus jeune lauréat, à seulement 51 ans. Après des études mêlant sciences sociales, mathématiques et économie, il épaule le groupe des conseillers économiques du président Kennedy. Gérard Debreu, lui, décroche le Nobel en 1983, pour sa reformulation rigoureuse de l’équilibre général. Ancien soldat de l’armée française, il est reçu major de l’agrégation de mathématiques en 1946. Le jeune Français tient sa passion pour la dimension mathématique de l’économie de la lecture de Maurice Allais, ingénieur devenu économiste.

Depuis les travaux d’Adam Smith, les économistes classiques puis néoclassiques ont cherché à montrer la supériorité de l’économie de marchés libres sur toute autre forme d’organisation des échanges. Au centre de leur argumentation ; la capacité des marchés à s’autoréguler, c’est-à-dire à aboutir spontanément à un équilibre (un prix) grâce au jeu de l’offre et de la demande. Ce mécanisme se démontre sans réel problème sur un marché unique. Mais peut-on le généraliser à l’ensemble des marchés – automobile, alimentation, prêt-à-porter, services… – qui sont tous en interaction ? C’est l’énigme que résolvent K. Arrow et G. Debreu. Car, si un marché trouve son équilibre suite à une baisse du prix, et voit le nombre de clients – la demande – augmenter, cela a nécessairement un impact sur la demande exprimée sur les autres marchés. Le défi ressemble donc un Rubik’s Cube : parvenir à finaliser un côté peut totalement dérégler les autres. Un défi d’autant plus ambitieux que d’autres économistes de renom – Alfred Marshall et Léon Walras notamment – ont échoué à en venir à bout.