L'Âge des extrêmes sous le feu de la polémique

En 2005, dans La Pensée tiède, l’historien anglais Perry Anderson affirme que Pierre Nora est désormais connu comme l’un des grands intellectuels français, fondateur et directeur de la revue Le Débat, académicien, directeur de collection chez Gallimard… et comme celui qui a refusé de faire traduire L’Âge des extrêmes d’Eric J. Hobsbawm.

 

Alors que la trilogie du « long XIXe siècle » avait été rapidement disponible, il faudra cinq ans et deux éditeurs (Complexe et Le Monde diplomatique) pour que l’« histoire du court xxe siècle » soit traduite en français en 1999 (l’ouvrage existait déjà en près de vingt langues) et devienne un véritable succès d’édition : 50 000 exemplaires vendus.

Cette polémique est à mettre en relation avec la publication de deux autres ouvrages : Le Passé d’une illusion de François Furet (1 994), et Le Livre noir du communisme dirigé par Stéphane Courtois (1 997). Dans ces deux livres, les auteurs proposent des visions unilatéralement négatives du phénomène communiste, alors que dans L’Âge des extrêmes, E.J. Hobsbawm défend l’idée que l’URSS a deux histoires : celle, intérieure, d’une des pires dictatures du XXe siècle, mais aussi celle, extérieure, d’un mythe qui a permis certains progrès de l’humanité.