Lors des scrutins de l’été 2024, le soutien financier et idéologique de la Russie au Rassemblement national a une nouvelle fois fait la une de l’actualité. Les liens entre les extrêmes droites françaises et les forces politiques russes n’ont cependant rien de nouveau. L’historien Nicolas Lebourg et le politiste Olivier Schmitt ont épluché revues militantes et archives des services secrets pour retracer un peu plus d’un siècle de ce « jeu d’interactions franco-russes ». Longtemps, il s’est déroulé sans bruit et a fonctionné par sédimentation d’une Russie miniature en France, avec ses agents parfois doubles et ses relais d’influence. La chute du régime tsariste en 1917, le pacte germano-soviétique de 1939, l’invasion de la Russie par les nazis en 1941, le début de la guerre froide en 1947 et la chute de l’URSS en 1991 ont tour à tour fait de la Russie un ennemi, un allié indispensable, une menace, et une page blanche fantasmée.