Tout arrive par l’estomac. C’est d’un marché alimentaire de Wuhan que surgit le virus de la covid-19. Il a perturbé les approvisionnements mondiaux en nourriture. Les Français ont acheté en masse de la farine et du beurre pour redécouvrir, confinés, des recettes de pâtisserie. Au même moment, les Allemands se ruaient sur les produits surgelés. La précarité alimentaire repartit à la hausse. Les politiques évoquèrent la nécessité d’une autosuffisance alimentaire en temps de crise. L’agriculture, mise à rude épreuve, se découvrit tributaire d’une main-d’œuvre spécialisée rendue indisponible par les restrictions de mouvement. Des métiers saisonniers et invisibilisés, cueilleurs de fruits ou livreurs de repas, se révélaient soudain indispensables.
La nourriture est un fait social total. Elle révèle les failles multiples des sociétés humaines, mais aussi leurs aspirations : alors que nous nous habituons à vivre avec le virus, il nous faut réinterroger le rapport à la nourriture. Apprendre à mieux manger, c’est respecter les écosystèmes qui nous nourrissent, éduquer nos enfants à déchiffrer le contenu d’une assiette, combattre la malnutrition, désormais induite non plus par des troubles climatiques (ceux-ci viendront, plus tard) mais par une trop importante transformation industrielle de nos aliments.
Bibliographie
- Une histoire politique de l’alimentation. Du paléolithique à nos jours
Paul Ariès, Max Milo, 2016. - Manger au temps du coronavirus
Yuna Chiffoleau, Gilles Maréchal et Catherine Darrot (dir.), Apogée, 2020. - La Créativité culinaire. Les trois étoiles du guide
Michelin Frédéric Zancanaro, PU François-Rabelais, 2019. - Ensemble pour mieux se nourrir. Enquête sur les projets solidaires et durables pour sortir de la précarité alimentaire
Frédéric Denhez et Alexis Jenni, Actes Sud, 2021. - Manger local, manger global
Gilles Fumey, CNRS, 2021. - Le Déméter 2021. Produire et se nourrir : le défi quotidien d’un monde déboussolé
Sébastien Abis et Matthieu Brun, Iris, 2021.