L'attachement chez les mammifères

Comment une mère reconnaît-elle et préfère-t-elle ses petits ? Et comment la qualité de ses soins influe-t-elle sur le développement de sa progéniture ? Exemples chez les brebis, les rattes, et les primates.

Les éthologistes ont défini l’attachement entre une mère et son jeune selon trois critères :

1) Les deux partenaires sont motivés à s’approcher et interagir.

2) Chacun des deux doit être capable d’identifier l’autre sur la base de ses caractéristiques sensorielles (essentiellement olfactive, vocale, visuelle et tactile), formant ainsi une mémoire sociale.

3) Chacun doit engager des interactions préférentielles avec le partenaire, répondre par des réactions de détresse lors d’une séparation, et se montrer apaisé lors des retrouvailles.

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La création d’un lien d’attachement entre la mère et son ou ses jeunes n’est pas une règle générale chez les mammifères. Elle est souvent liée à des espèces dont le jeune présente une mobilité précoce et vit dans des groupes sociaux importants. Chez ces espèces, les mise-bas ayant lieu généralement pendant une courte période de l’année, le risque qu’une mère prenne soin d’un jeune non apparenté n’est pas négligeable, d’autant plus que les animaux vivent en grands troupeaux et que le jeune est mobile dès les premières heures suivant sa naissance. Ainsi, ces préférences entre la mère et les jeunes s’observent en général chez des espèces où la probabilité d’une mauvaise attribution des soins maternels est élevée, comme les primates, les mammifères marins et les ongulés.

L’attachement mère-jeune chez les ovins

C’est chez les ovins que l’attachement mère-jeune a été le plus précisément caractérisé selon les critères décrits ci-dessus, et certaines de ses bases biologiques élucidées. En effet, quand le couple mère-jeune est séparé, on observe une forte motivation à se rejoindre dès le premier jour de la naissance, et qui perdure jusqu’au sevrage. Ce comportement d’attraction est réduit quand les individus sont testés avec des congénères inconnus (mère ou agneau étranger). De même, quand les animaux sont confrontés à un test de choix entre leur partenaire et un individu familier vivant dans le même groupe, les brebis ou les jeunes s’approchent et restent en contact avec leur figure d’attachement (critère 1 validé). Il existe donc une reconnaissance individuelle entre les partenaires. Celle-ci est effective dans les premières 24 heures post-partum, grâce à un apprentissage durable des caractéristiques visuelles, auditives et olfactives du partenaire (critère 2 validé). Enfin, mères et jeunes restent à proximité les uns des autres, la mère maintenant le contact dans les premiers temps et l’agneau jouant un rôle de plus en plus prépondérant au cours de son développement. Mais c’est bien sûr pendant l’allaitement que cette préférence est la plus criante, puisque toute tentative d’allaitement d’un agneau étranger est vigoureusement écartée. De plus, quand la dyade est séparée, on observe des réactions de détresse qui ne sont apaisées que lorsqu’elle est à nouveau réunie (critère 3 vérifié).