Quelle image de l’école les journaux véhiculent-ils ? Michel Deschamps, membre fondateur de la FSU (Fédération syndicale unitaire pour l’enseignement), a épluché près de 5 000 articles sur l’école parus entre janvier et décembre 2009 dans neuf quotidiens nationaux (Le Monde, Le Figaro, L’Humanité, Le Parisien, Libération, etc.). Il en tire une analyse plutôt sévère.
Il note que parmi les registres utilisés (neutre et informatif, négatif ou positif), celui du conflit est prédominant : il caractérise 39 % des titres parus en janvier 2009. Les termes les plus utilisés sont « contre », « grève », « blocage », « contestation ». La « crise de l’école » est jetée comme une évidence et réduite à un conflit entre les évolutions sociétales (croissance exponentielle, modernité gestionnaire) et les réponses scolaires apportées (inertie, inadaptation, conservatisme). Pour M. Deschamps, cette présentation des faits recouvre de profondes divergences d’opinions. Il reproche aux journaux de défendre le modèle d’école dont ils sont les partisans. Ainsi, Le Figaro est partagé entre conservatisme et adaptation au néolibéralisme. L’Humanité défend une école de l’engagement et s’inquiète de son devenir menacé. Le problème, souligne l’auteur, en citant Edwy Plenel, est qu’« il ne suffit pas de croire que l’on pense politiquement juste pour informer vrai ». Le rôle du journaliste n’est-il pas celui de susciter des questions, des alternatives et des possibilités d’action ?