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L’école minimise-t-elle le mal-être des élèves sages, performants, conformes aux attentes scolaires ? Telle est la question à laquelle s’est attelée la sociologue Sidonie Vacher qui a mené une vaste enquête par questionnaire auprès de 1 108 collégiens et collégiennes issus de quatre établissements français variés – publics et privés, urbains et ruraux, relevant ou non de l’éducation prioritaire. À l’heure où se multiplient les alertes relatives à la santé mentale des jeunes, la sociologue a évalué dans quelle mesure leurs souffrances psychiques étaient correctement repérées par les professionnels de l’établissement et dans quels cas elles donnaient lieu à une recommandation de suivi psychologique. Ses résultats montrent non seulement que le mal-être adolescent est dans l’ensemble assez mal identifié par les acteurs scolaires mais, pire encore, que celui-ci ne suscite souvent la mobilisation des équipes que lorsque l’élève pose problème à l’institution. Autrement dit, lorsqu’ils vont mal, les bons élèves passent sous les radars… Seuls 35,9 % des élèves en souffrance ayant des résultats supérieurs à la moyenne de classe déclarent qu’un professionnel de l’établissement a pris l’initiative d’un échange avec eux sur leur santé mentale, contre 63,4 % de ceux ayant des résultats en dessous de la moyenne de classe. De même, seuls 17,7 % des élèves au comportement scolairement conforme se voient orientés vers un psychologue en cas de mal-être psychique, contre 41,5 % des élèves perturbateurs.