Graham Greene le disait déjà en 1983 dans Les Chemins de l’évasion : « L’écriture est une forme de thérapie. » Ce que beaucoup ont pu expérimenter, la science le prouve depuis plusieurs décennies. En 1986, paraissent dans le Journal of Abnormal Psychology 1 les résultats d’une expérimentation menée par James Pennebaker, professeur de psychologie à l’université du Texas, qui avait mis en œuvre depuis le début des années 1980 une méthode d’exploration de soi par l’écriture. Pour cette étude, il avait réparti ses étudiants en deux groupes. Les élèves du premier groupe devaient écrire chaque jour pendant 20 minutes sur les pires événements de leur vie, une écriture que James Pennebaker voulait la plus sincère, la plus profonde, la plus désinhibée possible, décrivant les pensées, les émotions qui avaient traversé ses élèves à l’époque où ils avaient vécu des événements traumatisants, mais aussi ce qu’ils éprouvaient toujours dans le présent quand ils y pensaient. Les étudiants du second groupe devaient, quant à eux, écrire sur des événements banals de leur vie. Au bout de six semaines, tous ont été soumis à des tests sanguins. Les étudiants du premier groupe présentaient un net renforcement de leur système immunitaire, une baisse de leur pression artérielle et moins de signes de stress et d’anxiété. James Pennebaker venait d’inventer l’écriture expressive 2, qui permet un soulagement mental et physique dès lors que l’on se confronte par écrit à de mauvais souvenirs, les émotions écrites permettant de s’en désensibiliser.
In stylo veritas ?
Il n’est pas rare, désormais, de voir des thérapeutes donner des « devoirs maison » à leurs patients entre deux séances, qu’il s’agisse de noircir du papier pour y coucher des souvenirs douloureux, de noter à intervalles réguliers comment ils se sentent ou de remplir un cahier de gratitude. Et l’écriture comme outil thérapeutique s’invite aussi chez des praticiens a priori très éloignés du concept.