L'éthique en question

Que peut l’éthique ? Faire face à l’homme qui vient. Monique Canto-Sperber, entretien avec Bertrand Richard, Textuel, 2008, 107 p., 17 €


Le Bluff éthique.
Frédéric Schiffter, Flammarion, 2008, 180 p., 17€

Les récentes évolutions technologiques suscitent de nouvelles questions éthiques. Qu’il s’agisse des innovations biomédicales ou des technologies de l’information, des interrogations inédites sur notre environnement naturel ou politique, de nos rapports au sexe ou au travail, certains s’inquiètent d’une modification de la relation de l’homme à son semblable voire d’une altération profonde de son statut.

Selon Monique Canto-Sperber, les progrès techniques nous font non seulement accéder à une plus grande puissance mais vont jusqu’à créer de « nouvelles dimensions du réel », un élargissement de notre monde conjuguant virtualité et simultanéité. Celui-ci exige de nouvelles normes ainsi que de nouvelles limites applicables à ces capacités inédites. La nécessité s’en ressent a fortiori lorsque notre rapport à la nature n’est plus celui de l’observation passive mais celui de l’intervention dans la matière elle-même, brouillant la frontière entre le naturel et l’artificiel. L’orientation de l’action technique a changé, elle ne va plus du connaître au faire mais du faire au connaître. Selon l’auteur donc, « il n’existe pas d’autres solutions que le progrès pour résoudre les problèmes que le progrès lui-même a créés ». Pour M. Canto-Sperber, c’est sur la capacité inventive de l’éthique et sur la volonté normative des philosophes qu’il faut miser. Non pas déplorer le progrès mais demander un contrôle de ses applications ; non pas redouter les avancées de la science mais prôner la maîtrise de ses découvertes. Pour ce faire, deux dispositions sont à entretenir : un devoir de lucidité et une préparation morale, soit une faculté d’anticipation reposant en dernière instance sur un apprentissage permanent, un entretien de l’empathie. Térence le disait déjà : « Nihil humanum a me alienum. »