L'injustice des notes est souvent l'objet de révolte ou de réprobation chez les élèves, les familles et les pédagogues. Philippe Perrenoud, sociologue de l'éducation, avait publié dans les années 80 un ouvrage qui fait depuis référence, sur « la fabrication de l'excellence scolaire ». Pour lui, les formes d'évaluation traditionnelles (notes et moyennes) contribuent à créer des hiérarchies d'excellence qui commandent l'orientation et la sélection. Elles induisent, en outre, des « didactiques conservatrices chez les enseignants et des stratégies utilitaristes chez les élèves ».
L'auteur plaide pour une « évaluation formative » qui permette de diagnostiquer les difficultés des élèves et de réguler l'action pédagogique en fonction des besoins de chacun. Autrement dit, l'évaluation formative est au coeur de la pédagogie différenciée. Pour P. Perrenoud, l'école vit actuellement une période de transition dans laquelle la plupart des acteurs s'accordent sur le bien fondé de ces pratiques sans pour autant qu'elles se généralisent. Deux logiques coexistent actuellement : celle de l'évaluation « comparative et certificative » et celle de l'évaluation formative, « dénuée d'enjeux de classement et de sélection ». Arrivera-t-on un jour, se demande-t-il, à articuler véritablement ces deux pratiques ?