Tous deux membres du GPLI (Groupement permanent de lutte contre l'illettrisme, commission interministérielle créée en 1984) et spécialistes de l'éducation, les auteurs présentent un bilan informé et raisonné d'une notion qui sous-tend bien des polémiques.
Qu'est-ce exactement que l'illettrisme (à ne pas confondre avec l'analphabétisme, qui concerne ceux qui n'ont jamais appris à lire) ? En France, on utilise cette notion pour désigner des adultes qui « ne maîtrisent pas suffisamment l'écrit pour faire face aux exigences minimales requises dans leur vie professionnelle, sociale, culturelle et personnelle »... On appréciera le flou de la définition, qui interdit toute quantification significative ! Les auteurs regrettent d'ailleurs que la France n'ait pas adopté la notion définie par l'OCDE de « littératie », à connotation plus positive puisqu'elle a le mérite de « mettre en exergue, non une privation (de compétence) mais l'acquisition d'un certain niveau (de lecture et d'écriture, sur une échelle de cinq degrés) ».
Point par point, toutes les (bonnes) questions sont analysées : causes, acteurs de la lutte contre l'illettrisme, enjeux de cette lutte. Pour une plus grande cohésion sociale ? Pour une meilleure compétitivité des entreprises ? Pour une société plus juste où se combleraient les écarts entre les nantis de la culture et ceux qui en seraient démunis ? Et encore : la mise en avant de l'illettrisme sert-elle à masquer des enjeux plus importants quant à l'exclusion et au chômage ?... Un état des lieux fort utile pour se faire une idée de la question.