Dans ce bref essai consacré aux populations amazoniennes, dont il est l’un des grands spécialistes, Eduardo Viveiros de Castro revient sur un moment particulier de la rencontre entre Amérindiens et Européens entre les 16e et 17e siècles. En l’occurrence, la rencontre avec les jésuites chargés de dispenser la bonne parole auprès des autochtones du Brésil. Ces derniers ne se montrèrent pas, dans leur ensemble, hostiles à la foi qu’on voulait leur inculquer, bien au contraire. Les pères missionnaires n’ont qu’à se louer, dans un premier temps, de leur empressement à accueillir le message chrétien. Mais très vite, ils déchantent car les Tupinambas, malgré leur apparente conversion, retournent à leurs pratiques habituelles : nudité, polygamie, guerre de représailles et cannibalisme. Rien de bien catholique donc, et la légèreté avec laquelle ils passent d’une morale à une autre scandalise les bons pères.
L'inconstance de l'âme sauvage
L’inconstance de l’âme sauvage. Catholiques et cannibales dans le Brésil du 15e siècle, Eduardo Viveiros de Castro, Labor et Fides, 2020, 176 p., 16 €.