Carl R. Rogers (1902-1987)

L'inventeur de la non-directivité

Carl R. Rogers est l'un des pères fondateurs de la psychologie humaniste. Son nom est resté attaché à la notion de non-directivité, appliquée dans de nombreux secteurs, comme la conduite des entretiens, la relation d'aide et la psychothérapie, la pédagogie, les groupes de développement personnel...

chef de file de ce que l'on a appelé la troisième voie ou encore la psychologie humaniste, Carl Ransom Rogers a toujours tenu une place originale. Il a en effet voulu se différencier à la fois de la psychanalyse, qui met l'accent sur les déterminismes inconscients de l'homme, et de la psychologie comportementale (béhaviorisme) qui ne prend en compte que les comportements observables et fait l'impasse sur l'expérience subjective. Situé dans le courant de la psychologie existentielle qui a puisé son inspiration dans la phénoménologie (Edmund Husserl, Karl Jaspers) et l'existentialisme (dont Jean-Paul Sartre a été le représentant le plus éminent), il a cherché à jeter un pont entre la philosophie et la psychologie.

Ainsi, C.R. Rogers n'apporte pas seulement une approche psychologique, mais aussi une philosophie de la vie et une vision fondamentalement positive de l'humain. C'est un peu tout cela que traduit la notion de non-directivité. Cependant, ce qui aurait pu rester un concept intellectuel, flou et abstrait, sera appliqué par C.R. Rogers de manière pratique et systématique dans des domaines très variés. En effet, en tant que psychothérapeute, il travaillera sur le rôle de l'aidant au sein de la thérapie et sur le groupe comme instrument de changement. En tant que professeur, il mettra en place de nouvelles techniques pédagogiques. En tant que chercheur, il s'investira dans de nombreuses études avec toujours un souci d'objectivité et de vérifiabilité. Il a par ailleurs écrit de nombreux articles et livres pour transmettre à autrui ce qu'il avait découvert (voir la bibliographie p. 44).

La non-directivité désigne le fait de s'abstenir de toute pression sur le sujet (individuel ou collectif) pour lui conseiller ou lui suggérer une direction, pour se substituer à lui dans ses perceptions, ses évaluations ou ses choix. Elle implique la confiance dans les capacités d'auto-développement et d'auto-direction du sujet, dans ses capacités d'autonomie et de responsabilité. On la retrouve aussi bien dans le domaine de la relation d'aide que dans celui de l'animation des groupes, ou encore la relation pédagogique.

Une approche centrée sur la personne

C.R. Rogers a élaboré une conception de la relation thérapeutique qui se distingue aussi bien de la conception psychanalytique que du modèle médical. L'entretien non directif implique que le thérapeute ne cherche pas à diriger le processus : « Le client a le droit de choisir ses propres buts vitaux » affirmait C.R. Rogers dans La Relation d'aide et la Psychothérapie. C'est donc lui qui garde l'initiative complète dans sa représentation du problème. Il doit avant tout apprendre à s'écouter, se connaître, s'accepter pour parvenir à son plein développement. Concrètement, le thérapeute adopte des attitudes d'empathie, d'acceptation, de non-jugement ; il intervient surtout par des reformulations des pensées et des sentiments du client, par des efforts d'élucidation qui recourent aussi peu que possible à l'interprétation.