Combien de musulmans ?
Les évaluations les plus courantes oscillent entre 4 et 5 millions de personnes, sans qu'on sache s'il s'agit de pratiquants ou de personnes de culture musulmane. En 1996, le Secrétariat pour les relations avec l'islam évaluait ainsi à 4,2 millions le nombre de musulmans, soit 7 % de la population (contre 4 % en moyenne dans l'Union européenne). Comment parvient-on à un tel chiffre ? Rien de plus facile apparemment. Il suffit de dénombrer les étrangers originaires de pays ou de régions réputé(e)s musulman(e)s (Maghreb, Afrique noire, Pakistan, Turquie, Proche et Moyen-Orient) et d'y ajouter les musulmans de nationalité française (les rapatriés d'Algérie et leurs enfants, les beurs dits de deuxième et troisième générations, sans oublier les convertis, etc.). Seulement, on ne dispose pas d'évaluations fiables pour ces Français musulmans. Car, en vertu de la loi informatique et liberté de 1978, l'Insee n'est pas habilité à recenser la population suivant des critères ethniques ou religieux. Cette méthode présente un autre inconvénient : suggérer un lien automatique entre la naissance dans un pays « musulman » et l'adhésion à l'islam. Quant aux sondages, ils ne sont pas d'un grand secours : ils supposent la constitution d'un échantillon représentatif et donc une connaissance préalable de la répartition de la population française selon la religion.
Quel que soit le chiffre avancé, la population « musulmane » s'est manifestement fortement accrue et ce, à partir des années 50-60, avec l'installation durable de travailleurs maghrébins ou d'Afrique occidentale. L'année 1974 a marqué un autre tournant, avec l'immigration des femmes et enfants au titre du regroupement familial.
Un ou des islam(s) ?
De même que les estimations, la formule « l'islam, deuxième religion de France » doit être considérée avec circonspection tant les profils sont divers. La grande majorité des musulmans vivant en France sont a priori sunnites, mais le sunnisme recouvre une diversité de rites ou d'écoles juridiques, et l'appartenance confrérique (liée au soufisme) ajoute à cette diversité.
Les musulmans ne sont pas tous des pratiquants réguliers. On distingue ainsi :
- les musulmans sécularisés ou culturels : ils se disent musulmans sans être pratiquants, hormis l'observance des temps forts de communion avec la famille, qui rythment la vie religieuse : le jeûne du Ramadan, les fêtes des Aïd. L'islam est envisagé plutôt comme un héritage culturel que l'on affiche que comme un trait d'identité ;