L’université française, confrontée à la massification des effectifs étudiants depuis les années 1970, doit accueillir tout le monde, tout en remplissant des missions de plus en plus variées, la dernière en date (2007) étant d’assurer l’insertion professionnelle des étudiants.
Or depuis une dizaine d’années, une nouvelle pression est arrivée de l’extérieur. Avec le processus européen de Bologne et le passage à un système de diplôme unique LMD (licence-master-doctorat) ou encore l’apparition des classements internationaux, notamment celui de Shanghai depuis 2003, il est demandé aux universités d’être compétitives à l’échelle mondiale. L’université – contrairement aux grandes écoles – est en effet le seul objet visible, lisible et compréhensible à l’international. C’est ainsi qu’elle est devenue, depuis la fin des années 2000, le cœur des préoccupations des pouvoirs publics, de droite comme de gauche, justifiant de nombreuses réformes structurelles, ayant toutes pour objectif d’armer les établissements pour la compétition internationale.
Premier axe de réforme : donner plus d’autonomie aux universités françaises, afin de les rendre responsables de leur stratégie et comptables devant les autorités publiques. C’est ainsi que la loi LRU de 2007, par exemple, se traduit par un transfert de leurs ressources (patrimoniales et financières) et par un resserrement de leur gouvernance (renforcement des pouvoirs du président, taille du conseil d’administration divisée par deux). Le budget géré par les universités a ainsi été multiplié par dix et la part du financement à la performance a augmenté. Cette autonomie croissante s’est accompagnée d’un renforcement de l’évaluation avec la création de l’Aeres (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) en 2008, devenue HCERES (Haut conseil) en 2015, qui évalue tant les équipes de recherche que les établissements ou les formations.