L'université française est-elle mal partie ?

Un rapport du Conseil d'analyse économique souligne les déficiences françaises dans l'enseignement supérieur et la recherche. Les auteurs suggèrent une réforme progressive pour y remédier.

Les économistes de toutes obédiences sont aujourd'hui d'accord : l'investissement dans la recherche et l'enseignement supérieur est l'une des clés de la croissance « endogène ». En effet, celle-ci se fonde en premier lieu sur des avancées techniques et scientifiques (nouvelles technologies ; biotechnologies). Cet investissement et les institutions universitaires ou de recherche qui l'accompagnent sont caractéristiques des pays les plus avancés au plan économique, dits « de la frontière » (sous-entendu technologique ou scientifique) comme les Etats-Unis ou les pays scandinaves. C'est le constat d'un récent rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) consacré au rôle de l'éducation supérieure dans la croissance 1, qui montre que la France, comparée à ses principaux homologues développés, n'investit plus suffisamment dans l'enseignement supérieur et la recherche depuis la fin des années 80. Seul 1,3 % du PIB y est consacré en moyenne, alors que les autres pays développés font mieux. Aux Etats-Unis par exemple, 2 à 3 % du PIB ont été consacrés dans les dernières décennies à la recherche et à l'enseignement supérieur. La part relative que la France y destine est « modique » : 16,6 milliards d'euros en 2001 (les Etats-Unis y affectant près de 224 milliards de dollars dans le même temps).

Pour les auteurs du rapport, la France et d'autres pays ont été capables, durant la période de rattrapage de l'après-guerre, de bâtir un système éducatif de masse performant. Les élites des grandes écoles ont alors pu encadrer des industries et entreprises « d'imitation ». Grâce à une planification d'Etat et une modernisation volontariste, de grands projets industriels ont vu le jour : nucléaire, aviation, modernisation de l'agriculture, etc. Mais, et c'est l'hypothèse forte du rapport, « les ressorts économiques et industriels de la croissance ne sont pas les mêmes pour une économie en phase de rattrapage ou qui veut se situer à la frontière technologique ».