« La question n’est pas de savoir si l’aide humanitaire est instrumentalisée. Elle est de comprendre comment, par qui, et dans quelle mesure elle l’est. » Joël Glasman, professeur à l’université de Bayreuth (Allemagne), publie là un bien utile « manuel ». Au fil de ses onze chapitres, il brosse un tableau de l’action humanitaire non pas comme nous la rêvons, mais comme elle est réellement. L’opération est d’autant plus utile que l’aide humanitaire est devenue centrale dans la gestion politique et diplomatique des affaires du monde. Or, cet univers généreux n’est pas à l’abri des pratiques inégalitaires, des concurrences mal placées et autres instrumentalisations ayant cours dans nos sociétés. Nuancer le récit mythique de la naissance des « French doctors » au Biafra ; comprendre pourquoi Ikea aménage les lieux d’accueil des réfugiés ukrainiens en Pologne ; se demander si l’aide humanitaire est, ou non, un projet colonial ; réfléchir aux inégalités de genre dans les ONG : telles sont quelques-unes des questions abordées par l’auteur. Organisée en chapitres thématiques, la réflexion prend appui sur les nombreux travaux de sciences humaines et sociales qui se sont développés dans ce domaine, en particulier depuis le génocide rwandais en 1994.