Trente juillet 1911 à Rouen. En plein été, les éléments se déchaînent : un violent orage provoque l’effondrement d’un bâtiment. Quinze personnes périssent. L’été s’avérera meurtrier, par orages mais surtout par sécheresse. Depuis près d’un mois, la France subit en effet une canicule, qui emportera au total 40 000 âmes, soit le pire bilan en France au XXe siècle. Bien plus que les 15 000 à 17 000 décès déplorés en août 2003… mais beaucoup moins que les terribles canicules du XVIIIe siècle (plus de 300 000 morts en 1719).
Au début du XXe siècle, la sécheresse touche encore principalement les nourrissons de moins d’un an, victimes de toxicoses par déshydratation. À l’été 1911, ils subissent une forte poussée de chaleur jusqu’au 13 septembre. La moyenne des températures estivales (20,8°) était sans précédent depuis la Révolution. Par la suite, elle ne sera dépassée qu’en 1947 (20,9°) et 2003 (22,6°).
Mais ces températures terribles ne firent pas que des catastrophes, notamment dans l’agriculture : là est l’ambivalence du climat. Sèches mais ensoleillées, les récoltes en 1911 furent bonnes dans toute l’Europe occidentale et centrale, avec notamment de belles récoltes d’olives en Espagne, en Italie et en Grèce, et des moissons de blé honorables en France. Les vendanges furent précoces, assez abondantes, et les vins furent de très grande qualité. Ainsi le Guide Hachette des vins adjuge cette année-là un exceptionnel 19/20 aux bourgognes, alsaces et côtes du Rhône. L’année précédente, désastreuse, le guide n’avait même pas pris la peine de noter ces crus…