La crotte a parlé

L’archéologue, comme tout bon détective, ne néglige aucune piste. À côté des fossiles et des empreintes de pas, il y a les coprolithes : des déjections fossiles, remplies d’informations. La preuve avec celles d’une louve, qui s’est soulagée voici 35 000 ans dans la grotte Chauvet (Ardèche). Cette louve s’était aventurée jusque dans la salle Hillaire et la salle du Crâne, à plus d’une centaine de mètres de l’entrée. C’est là, dans le noir absolu, qu’elle nous a laissé de petits cadeaux. Une bénédiction pour les préhistoriens, qui ont traqué pollens, protéines et autres traces d’ADN. Parmi ces traces, vingt-huit taxons de végétaux, dont du pin, du genévrier, de l’armoise, témoignent à cette époque d’un paysage très ouvert de forêts traversées par de grands espaces herbeux. Plus étonnant, la louve avait consommé de la chair ursine. C’est peut-être ce qui l’avait attirée là : l’odeur des cadavres d’ours en putréfaction, dont elle s’est régalée. Un crâne de louve est identifié dans la salle Brunel, plus proche de la sortie. Est-ce celui de notre amie, morte durant son exploration ? Espérons que ce n’est pas le cas et qu’elle a pu repartir aussi librement qu’elle est venue, sans croiser la route des hommes et finir en manteau.