L’ambition du livre est donnée dans son titre même : la ménopause n’est pas abordée comme un fait physiologique mais comme une condition socialement construite. Pour mener à bien cette entreprise, la sociologue Cécile Charlap s’appuie sur le témoignage d’une trentaine de femmes ménopausées, nées entre 1945 et 1968 et appartenant à des milieux sociaux variés. À cela, elle ajoute l’étude d’un corpus de textes médicaux, spécialisés ou de vulgarisation, et d’autres productions médiatiques (articles, émissions). Elle brosse ainsi les contours d’une « culture de la ménopause » à base de discours médical la décrivant non pas « comme le processus conclusif de la période reproductive, lié à la maturation, mais comme un processus de déficit, de dégénérescence et d’obsolescence ». C’est à cette image de déséquilibre et d’amoindrissement qu’est confrontée la femme ménopausée ou en passe de l’être, dans l’apprentissage de sa « nouvelle grammaire corporelle ». C. Charlap insiste sur la manière dont le corps de la femme ménopausée prend sens et forme au cœur d’interactions avec un ensemble d’acteurs proches : le médecin, le conjoint, la mère, son groupe de copines, etc.
La fabrique de la ménopause
La fabrique de la ménopause, Cécile Charlap, CNRS, 2019, 272 p., 20 €.