Dans Le Choix d’une vie sans enfant (2014), Charlotte Debest a montré un phénomène encore marginal, mais croissant dans nos sociétés contemporaines, révélateur d’une tendance séculaire à la baisse de la fécondité (même si dans ce domaine, la France reste moins touchée que la plupart des autres pays européens). Dans ce contexte, les familles nombreuses sont-elles en passe de disparaître ? Non, car, encore aujourd’hui, une famille sur cinq en France, soit 1,7 million de familles regroupant 1,4 million d’hommes, 1,7 million de femmes et 5,6 millions d’enfants, comprend au moins trois enfants. Une part en baisse, certes, mais qui reste significative. Les deux tiers de ces familles sont traditionnelles, car constituées d’enfants vivant avec leurs deux parents communs, mais une sur trois est constituée de familles recomposées, ou monoparentales. Qui est concerné ? En premier lieu, les non-diplômés, surtout pour les familles comprenant au moins quatre enfants. Les immigrés, aussi, à la fécondité effectivement plus forte, puisque l’on trouve dans les familles issues de l’immigration deux fois plus de familles nombreuses que dans les autres. En revanche, dès la seconde génération, les descendants d’immigrés adoptent les comportements démographiques des Français natifs. Au niveau géographique, c’est dans la moitié sud de la France qu’elles sont le moins présentes ; à l’inverse, en proportion de leur population, ce sont la Guyane et la Réunion outre-mer et le Nord-Pas-de-Calais en France métropolitaine qui comptent le plus de familles nombreuses.