La guerre, ce caméléon

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L’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, a surpris par son ampleur, jamais vue depuis 1945. Cet affrontement de haute intensité réactive le traumatisme des conflits mondiaux du 20e siècle, où les bombardements avaient détruit des villes entières. Varsovie et Dresde hier. Marioupol aujourd’hui. Hiroshima et Nagasaki hier, Kiev demain ? La menace nucléaire brandie par Vladimir Poutine fait peser le risque d’une escalade et nous renvoie à la période de la guerre froide, marquée par un fragile « équilibre de la terreur ».

La guerre revient-elle ? En réalité, elle n’avait pas disparu. En Ukraine, elle dure depuis 2014. En France, la violence djihadiste a fait irruption sous forme d’attentats en 2015, conduisant les responsables politiques à parler de « guerre ». Les interventions extérieures menées par les démocraties se développent depuis les années 1990, tandis que sévissent des guerres civiles : Yémen, Syrie, République démocratique du Congo… « La guerre est un caméléon », dit le penseur prussien Karl von Clausewitz, elle change de couleur et de forme selon les circonstances.

À présent, elle semble changer de dimension. Avec l’Ukraine attaquée par la Russie, Taïwan menacé par la Chine, sommes-nous entrés dans une ère de guerres majeures entre puissances démocratiques et autoritaires ? Nul ne peut l’affirmer. Il y a toutefois un changement de perception : l’usage de la force, souvent déconsidéré dans les démocraties, est vu à nouveau comme nécessaire au sein des opinions publiques. Les Ukrainiens nous le rappellent : sans armes et sans peuple prêt à se défendre, aucune démocratie ne peut survivre, aucune nation libre ne peut résister.

Les mutations de la guerre décrites dans ce hors-série plaident pour une approche transversale, historique, du fait guerrier. La guerre n’est pas seulement un phénomène militaire, c’est un fait social total à travers lequel se dessinent les grands traits du monde humain : économie, information, droit, culture, technologie… Aux côtés des meilleurs spécialistes, nous vous invitons à comprendre la guerre, pour ce qu’elle est et ce qu’elle représente dans les sociétés humaines. Sans fascination ni rejet. Car penser la guerre, c’est peut-être, espérons-le, travailler à la paix.

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