Adam Phillips est un psychanalyste britannique qui a dirigé la nouvelle traduction des œuvres choisies de Freud, écrit plusieurs essais sur la littérature et la psychanalyse, et qui collabore à la London Review of books. Tout cela pour dire qu’il semble plus à l’aise avec les références littéraires et les textes psychanalytiques qu’avec les êtres humains réels, étrangement absents de son livre. C’est dommage quand on aborde un si beau sujet : les vies rêvées. Ces vies que l’on aimerait vivre, mais « dont nous avons manqué l’occasion, des vies que nous pourrions mener mais que, pour une raison ou une autre, nous ne menons pas ».
Ce livre traite donc de « ces doubles vies que nous ne pouvons nous empêcher d’avoir ». Il y est question de vies parallèles ou qui n’existent que dans notre imaginaire, mais que nous n’avons pas eu l’occasion de vivre réellement. Il y a mille raisons de ne pas vivre nos vies rêvées : par manque de courage, de chance ou de talent. Ou tout simplement parce que nos vies réelles sont déjà suffisamment bien remplies. C’est faute de temps donc (ou d’une bonne gestion de notre temps) que nos vies imaginaires restent à l’état de chimères. Ces films intérieurs nous transportent en pensée vers d’autres mondes, d’autres lieux, d’autres décors. Ils nous enchantent, mais nous font aussi souffrir : car ces rêves de vie meilleure sont un aiguillon amer qui suscite la frustration et l’envie. « Etre envieux des autres nous fait découvrir à l’évidence les vies que nous ne vivons pas ».