La recherche en éducation: les lieux et les acteurs

En examinant les lieux et les acteurs multiples de la réflexion universitaire en éducation, on constate la persistance d'une volonté politique et administrative d'orientation des recherches. De plus en plus importants, les réseaux de chercheurs accompagnent eux aussi la structuration d'un champ souvent jugé comme éclaté.

Où sont les chercheurs ?

Le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) est le grand absent de la recherche en éducation. Les sciences de l'éducation n'y ont jamais été instituées. Quelques équipes, de sociologie ou d'économie, font de l'éducation l'un de leurs objets de recherche, comme l'Irédu (Institut de recherche sur l'économie de l'éducation), unité mixte CNRS-université, à la renommée internationale. Mais il n'y a pas à proprement parler de section de recherche sur l'éducation. Comment interpréter ce fait ? Cela signifie-t-il qu'une recherche dans ce domaine ne peut acquérir les lettres de noblesse du mot « scientifique » ? Terrain glissant...

La recherche en éducation est en tout cas une nébuleuse mal définie. Au point que les ministres de l'Education nationale et de la Recherche ont demandé à un groupe de travail dirigé par Antoine Prost de définir un « Programme stratégique de recherche en éducation », publié dans un rapport en juillet 2001 1. Avant toute recommandation, ce rapport tente de délimiter le champ de la recherche en éducation et en formation. Les données, déjà un peu anciennes (elles ont été récoltées entre 1994 et 1997), font apparaître une image très parlante de ce que l'on ne peut appeler une discipline de recherche.

Car il s'agit plutôt de quatre grandes disciplines qui se rencontrent autour d'un même objet : la didactique, la psychologie, les sciences de l'éducation (regroupées avec la pédagogie) et la sociologie (regroupée avec l'économie et l'histoire). Le poids de chacune n'est pas le même : la didactique et les sciences de l'éducation représentent ensemble les deux tiers des équipes de recherche, la sociologie 20 % et la psychologie seulement 13 %. Si très peu de chercheurs en éducation sont rattachés au CNRS, à quelles institutions appartiennent-ils ?

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Des presque 2 000 chercheurs, les trois quarts sont dans les universités, regroupés en équipe de quatre à quinze personnes. Une grande partie d'entre eux appartient à la 70e section du CNU (Conseil national des universités), celle des sciences de l'éducation. D'autres travaillent au sein de grandes institutions comme l'INRP, le Cnam, l'ENS.

Les IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres), créés en 1990, ont vocation par leur statut à conduire des recherches. Ce que font moins de la moitié des enseignants-chercheurs qui y sont en poste, principalement en sciences de l'éducation et en didactique, et un peu en psychologie.

Mais quelle est la qualité des travaux produits ? Les équipes de recherche, les chercheurs ou leurs travaux sont-ils évalués ? Non, ou très peu, estime le rapport d'A. Prost. Il n'y a pas, pour les enseignants-chercheurs des universités ou des IUFM, d'examen régulier comme cela se fait au Comité national du CNRS. Les travaux sont très rarement publiés dans des revues à comité de lecture (c'est-à-dire un jury scientifique anonyme), et seules certaines équipes de recherche sont évaluées par les experts du ministère de la Recherche. « Cette insuffisance d'évaluation est extrêmement pénalisante pour le secteur des recherches en éducation tout entier : il en ruine le crédit », affirme le rapport Prost.

Qui coordonne les recherches ?