Traduction ou trahison ?

La vulgarisation scientifique en débat

La vulgarisation scientifique consiste aujourd'hui à faire cohabiter quatre logiques plus ou moins concurrentes et conflictuelles : celles de la science, de la politique, des médias et du public. Tel est, selon Dominique Wolton, directeur de recherche au CNRS, l'enjeu auquel doit faire face la vulgarisation scientifique (1).

De son côté, Suzanne de Cheveigné, du laboratoire Communication et Politique du CNRS, rappelle que la vulgarisation est généralement interprétée de deux manières différentes. Pour les uns, il s'agit d'une traduction ; l'enjeu est alors de remplacer les termes abscons des scientifiques par des mots compris de tous. Ce qui soulève la question

de savoir qui doit traduire :

le scientifique lui-même ou une personne extérieure

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à l'institution ? D'autres pensent au contraire

que toute tentative

de transposition du langage scientifique est inévitablement une trahison.Lorsque S. de Cheveigné s'est intéressée à l'opinion que les scientifiques

et le public se faisaient de la vulgarisation, elle a constaté que rencontrés collectivement, les scientifiques se montrent très critiques à l'égard de la télévision comme support de vulgarisation. Par contre, lorsqu'ils sont interrogés individuellement, leur discours diffère sensiblement : ils pensent que vulgariser est effectivement possible, et trois types de discours apparaissent alors. Les uns estiment qu'il n'y a pas de différence entre vulgariser et enseigner; d'autres pensent