Si les dictionnaires des symboles traitent assez longuement des animaux, c’est le plus souvent en cherchant à élucider la signification qu’on leur prête encore dans notre propre culture. Cette pratique prolonge ainsi la fonction autrefois tenue par les « Recueils d’emblèmes » qui se multiplièrent durant la Renaissance, et qui donnaient à chaque espèce un sens allégorique et un seul.
L’importance du thème animalier dans les mythes n’est plus à démontrer : partout l’animal est opérateur symbolique, médiateur, psychopompe (conducteur des âmes des morts) ou messager des dieux. Intermédiaires entre ceux-ci et les hommes, les bêtes servent d’interprètes aux puissances dont elles sont les émissaires, les oiseaux communiquent avec le monde céleste, les âmes ornithomorphes s’envolent à tire-d’aile, tandis que les êtres aquatiques ou serpentiformes s’affairent dans les domaines inférieurs. Les divinités peuvent elles-mêmes se manifester sous la forme d’un ou plusieurs animaux, ces derniers se contentant fréquemment de n’être que leur attribut, leur support ou leur avatar. Ainsi, en Inde, quand le Dieu Vishnu doit intervenir dans notre monde, il peut le faire sous forme animale, en particulier de poisson, de tortue, ou de sanglier. Dans certaines traditions, il semble bien que les dieux ne furent associés que tardivement aux espèces avec lesquelles ils forment actuellement couple, mais les problèmes d’origine sont généralement insolubles, et il n’est pas toujours possible de savoir s’il y eut ou non anthropomorphisation tardive d’anciennes divinités animales dont l’existence n’est pas toujours prouvée. En Égypte cependant, on sait qu’Anubis, dieu présidant à l’embaumement et tardivement représenté sous un aspect humain, mais avec une tête de chacal, apparut d’abord sous la simple forme d’un canidé noir. Le chien, gardien par excellence, est du reste souvent chargé de la garde du passage vers l’au-delà et le monde des morts : c’est le cas de Cerbère en Grèce antique, de Garmr chez les Germains, de Saráma et de Sarameya en Inde ancienne, comme encore en Indonésie, en Chine et chez les Aztèques, où le nom de ce canidé, Xolotl, est à l’origine de notre mot coyote.
Innombrables sont les traditions et les récits évoquant des soldats qui sont comme des ours, des loups, des tigres ou des dragons ivres de fureur. En divers lieux, à diverses époques, des guerriers portant sur eux quelque élément animal furent supposés se changer véritablement en fauves dont ils souhaitaient égaler la combativité. Bien des peuples se sont d’ailleurs eux-mêmes donné le nom d’un animal originaire, ou affirment encore être parents de telle ou telle espèce, dans une solidarité homme-animal dont nous avons quelque peu perdu la mémoire. En nombre de mythes et de rituels demeure ainsi l’image indistincte d’un état à demi-oublié, comme un lointain souvenir du temps mythique où les héros ancestraux étaient à la fois hommes et animaux.