Les à-côtés du traitement moral
Au 19e siècle, suivant l’exemple de Philippe Pinel, on ménage des hôpitaux spécialement pour les fous, pour les écouter, les soigner… Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, les efforts restant rarement payés de retour. Isolement et camisole sont en vigueur dans les cas extrêmes, P. Pinel lui-même estimant que la terreur peut être nécessaire pour réprimer les comportements violents ou l’arrogance. À côté des remèdes traditionnels tels que saignées, sangsues et ventouses, apparaissent des procédés sophistiqués comme le fauteuil rotatoire, sur lequel on fait tourner le fou attaché. Suivant l’état d’avachissement ou de nervosité de l’aliéné, on l’apaise comme on peut, avec du haschich, de l’opium, du chloroforme y compris en lavement, ou bien on le stimule en lui servant de la moutarde, en lui faisant des cloques à l’eau bouillante, en le badigeonnant d’irritants divers, de préférence dans la nuque ou sur la tête (chez les femmes, plutôt sur le pubis ou sur les cuisses, puisqu’on suppose que leurs symptômes viennent du sexe et pas du cerveau). On fait feu de tout bois : on nous a même laissé le récit de l’épilation des 900 poils d’une femme à barbe mélancolique. La dame s’est sentie mieux après.
Aux délices du clitoris
La fumigation vaginale est prônée à la Renaissance pour les femmes, dont les troubles sont réputés venir des déplacements de l’utérus, organe mobile et incommodé par les mauvaises odeurs. Pendant que la malade respire des senteurs écœurantes censées imprégner tout le haut du corps, l’utérus est amadoué par de délicieuses fragrances émanant d’un brûle-parfum, et dont on imprègne l’intérieur du vagin à l’aide d’un spéculum. Il s’agit là d’une variation sur le thème médical du massage vulvaire, pratiqué depuis l’Antiquité pour soulager les hystériques, et dont on ne soupçonne pas qu’il se termine par un orgasme, supposé impossible à la femme sans pénétration. La pratique de tels massages est révolutionnée par l’invention du vibromasseur, dans les années 1860, grâce à la fée électricité. L’engin ne fera l’objet d’un marché à destination du grand public qu’au début du 20e siècle.