Le boom de la méditation

Livres pour les adultes, guides interactifs pour les enfants, espaces dédiés dans les entreprises, séminaires, vidéos sur YouTube, et même applications internet, la méditation est partout. Comment faire le tri face à une offre si prolifique ?

En quelques années, la méditation de pleine conscience ou « mindfulness » a su séduire un grand nombre de Français. On connaît les racines de son succès : adaptée d’une tradition bouddhiste de plus de 2 400 ans, cette pratique est remise au goût du jour, à la fin des années 1970, aux États-Unis, par Jon Kabat-Zin, qui fonde la première clinique de réduction du stress puis le centre pour la pleine conscience dans la médecine. Il élabore un programme de huit semaines, « Mindfulness Based Stress Reduction » (Réduction du stress fondée sur la pleine conscience). Aujourd’hui, ce programme a été adopté par plus de huit cents centres hospitaliers dans le monde, mais aussi dans des entreprises. Résultat : quand il fait des conférences, à Paris, Kabat-Zinn fait salle comble comme une rock-star. À Davos, il murmure à l’oreille des hommes d’affaires comment cultiver une « présence attentive » à soi et au monde. En France, le psychiatre Christophe André est le grand spécialiste de la méditation de pleine conscience, qu’il a su, avec chaleur et conviction, rendre accessible à un public très large, via plusieurs ouvrages et même une appli (« Méditer avec Christophe André »).

La méditation est devenue un équivalent de ce qu’était la psychanalyse en France dans les années 1970 : plus encore qu’un outil psychothérapeutique, une hygiène de vie voire, pour certains, une éthique existentielle ou une pratique spirituelle.

Attention

Reste que si vous avez envie de vous laisser tenter par l’aventure, plusieurs précautions s’imposent. D’abord, bien comprendre que la méditation n’est pas réductible à la méditation de pleine conscience. Vous trouverez beaucoup d’autres sortes de méditations, notamment via des groupes affiliés au yoga, au bouddhisme ou au taoïsme. Ces groupes ont aussi leur intérêt et leurs bénéfices (voir témoignage de Dounia Sichov). La méditation de pleine conscience est, elle, une pratique laïque et la seule méditation utilisée dans les protocoles hospitaliers ou en libéral pour soigner l’anxiété ou la dépression (voir témoignage de Marguerite).

Ensuite, qui dit « succès » et « thérapie à la mode », dit forcément « dérives ». En enquêtant, nous avons trouvé plusieurs lieux qui proposaient le plus sérieusement du monde des cours qui n’ont rien à voir avec la pratique de la méditation. C’est le cas, par exemple, de cet endroit près du Louvre à Paris, proposant, entre plusieurs autres types de méditation, un cours de méditation érotique se réclamant de la mindfulness et permettant de « mieux prendre conscience de son intimité ». On n’ose imaginer la nature exacte des travaux pratiques.

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Par ailleurs, on ne saurait que trop recommander d’être prudentes aux personnes qui ont déjà expérimenté des crises de panique très fortes et des moments où elles se sont senties si angoissées qu’elles ont eu l’impression de ne plus être dans leur corps. La méditation peut, chez elles, engendrer des effets indésirables.

À force de regarder leurs pensées défiler paisiblement, ces personnes fragiles risquent de se sentir très dissociées ou dépersonnalisées, comme si elles se regardaient elles-mêmes dans un film…•