Le choix du coeur, le poids des origines

Les enfants d’immigrés tentent de concilier les nouvelles normes de la vie à deux tel le libre choix du conjoint, avec les attentes de leurs parents.

Qui se ressemble s’assemble, dit le proverbe. En sociologie, on utilise plutôt le terme d’endogamie pour qualifier cette tendance à choisir son conjoint à l’intérieur d’un groupe (social, culturel, professionnel, religieux, ethnique). L’enquête « Trajectoire et origines » de l’Ined/Insee réalisée en 2008 confirme que cette réalité existe toujours en France : la grande majorité des descendants d’immigrés vivent en couple avec un conjoint de même origine (61 %). Ce conjoint est soit un descendant d’immigré, comme eux (22 %), soit un immigré (39 %). Dans les deux cas, ils sont originaires du même pays que les parents.

Toutefois, ces chiffres, comme souvent, masquent de grandes différences. Par exemple, 65 % des descendants d’immigrés d’origine turque se marient avec un conjoint venu du pays d’origine des parents, alors qu’ils ne sont que 26 % parmi ceux d’origine algérienne, 43 % parmi ceux d’origine marocaine et tunisienne et 51 % pour ceux d’origine sahélienne. C’est dans le groupe des descendants d’immigrés d’origine algérienne que l’on obtient le taux d’unions mixtes le plus élevé (47 %).

Un contexte postmigratoire

Dans leurs décisions conjugales, les enfants d’immigrés restent tributaires des normes matrimoniales relevant de l’univers culturel et religieux de leurs parents, tout en se forgeant des aspirations personnelles dans le contexte de la société française grâce aux médias et aux échanges avec leurs pairs. Ainsi, ils savent souvent que leurs parents souhaitent un mariage endogame, c’est-à-dire au sein du groupe d’appartenance. Dans le contexte postmigratoire, cette norme s’est progressivement transformée et vise désormais un mariage au sein du même groupe ethnoculturel dans un sens plus large. Si une partie des enfants y souscrit et s’unit à un conjoint du pays d’origine des parents ou à un descendant d’immigrés comme eux, d’autres en revanche s’y opposent et décident de former ce qui est appelé un « couple mixte ».