Konrad Lorenz, l’un des fondateurs de l’éthologie, l’étude du comportement animal, reste « l’homme aux oies cendrées » pour le grand public. Nombre de photos le montrent en effet entouré d’une famille d’oies qui le suit comme s’il était leur mère.
Lorenz montre dès les années 1930 qu’en remplaçant la mère par un leurre (chat, humain), le nouveau-né considère ce substitut comme sa mère. Ce mécanisme d’« empreinte » montre comment se marient l’instinct et l’apprentissage. Chez l’oie, suivre le premier être vivant rencontré à la naissance est un instinct. Mais l’objet de l’attachement – mère naturelle ou substitut – dépend de l’expérience. Ce lien entre instinct et comportement constitue le thème dominant de l’œuvre de Lorenz. Trois essais sur le comportement animal et humain s’ouvre sur la phrase : « La formation d’un acte instinctif ressemble à celle d’un organe. » Comme Charles Darwin l’a soutenu, les comportements complexes (migration, fabrication du nid…) sont des produits de la sélection naturelle transmis héréditairement, au même titre que la forme d’un organe. La réalité de l’instinct est attestée par l’existence d’une « réaction à vide », où l’animal réalise une séquence d’actes indépendamment de support réel. C’est le cas de cet étourneau élevé et nourri par Lorenz, qui chassait des insectes imaginaires, réalisant la séquence de conduites de son espèce : poursuite au vol, saisie du bec…