Le déclin du capital social aux États-Unis. Entretien avec Robert Putnam

Ce n'est pas un hasard si les régions où la ségrégation a été la plus forte sont aussi celles où le capital social est le plus bas.

Professeur en sciences politiques à Harvard, Robert Putnam a conduit à partir de 1970 une vaste recherche dans laquelle il comparait les administrations régionales en Italie du Nord et du Sud (Making Democraty Work. Civic traditions in modern Italy, Princeton University Press, 1993). Son interrogation était : quelles sont les conditions pour créer des institutions démocratiques fortes ? Il se penche alors sur le cas des Etats-Unis qui, selon lui, connaissent depuis quelques décennies, un déclin inquiétant du « capital social ». En 1995, il publie un article sur ce sujet dans une petite revue académique : « Bowling alone: America's declining social Capital » (Journal of Democraty n° 6, 1995) qui rencontre un écho exceptionnel, au-delà de la communauté scientifique. Son livre, paru au printemps 2000, dans lequel il démontre et quantifie ses hypothèses, en est à sa huitième impression.

Sciences Humaines : Comment définissez-vous le capital social ?

Robert Putnam : Pour moi, le capital social est constitué par les normes et les réseaux qui facilitent la confiance, la coopération et l'action collective.